Véritable œuvre-monde, dont les composantes se dévoilent peu à peu, Matière-Lumière nous confronte à l’origine de la création, prise en son sens le plus radical ; quand tout n’était encore que fusions, écoulements, concrétions de matières, fulgurances lumineuses. Plus qu’une simple installation, les « éclairs sillonnent les ténèbres de la nuit des temps », pour reprendre une formule de Schelling. L’art d’Evi Keller renoue magiquement avec les forces naturelles, la romantisation du monde, chère à Novalis et Beuys, union du connu et de l’inconnu, du fini et de l’infini, du visible et de l’invisible. Comme eux, elle essaie d’approcher le plus possible l’ « essence », la substance intérieure.
Olivier Schefer